15 Novembre 2020
Cette pensée a deux axes. Le premier poursuit les réductions de lits et les moyens du secteur public des soins de santé, même en période de crise sanitaire. Il y a bien une prime qui serait accordée au personnel mais il faut éviter que les matelots ne quittent le navire en pleine tempête. Il s’agit de continuer la politique de réduction des "coûts" dans le secteur des soins de santé, de ne pas y « mettre le paquet » ni repenser le mode de fonctionnement des nombreux bidules administratifs inefficaces et coûteux qui le gangrènent, quitte à élaborer un nouveau modèle plus efficace. Surtout ne pas mettre à plat tout le monde de la santé, des médecins aux chefs de services, professeurs, directeurs d’hôpitaux ... etc. Il s’agit de ne pas donner de coups dans la fourmilière, encore moins de la requinquer, mieux de la ressusciter.
Le second, lorsque, suite à l'utilisation récurrente du confinement, l’économie s’effondre est d'y injecter des centaines de milliards. La pensée macronienne se flatte, à l'envi, d’intervenir massivement pour soutenir la machine économie.
D’un côté elle poursuit la mise à mort du secteur public de la santé, de l’autre elle soutient l’économie par centaines de milliards. Le deuxième confinement montre la persistance de cette pensée et à quel point elle nous met au centre d’un cercle infernal sans issue sauf à le quitter rapidement.
Il n'a pas échappé à Monsieur Macron ni à ses aficionados qu’ils ne peuvent pas se permettre l’écroulement des hôpitaux et encore moins des décès dont ils pourraient être rendus responsables en l’absence de mesures liberticides de confinement, à défaut d’en avoir trouvé d’autres. Il ne fait aucun doute que les récentes perquisitions chez Monsieur Véran, Madame Buzyn, Monsieur Salomon et un ancien Premier Ministre, fussent-elles justifiées, impactent la gestion de l’État. Reconfiner c'est éviter des décès identifiables et visibles, du moins à court terme, donc des poursuites judiciaires. Les décès qui résulteront des conséquences sociales, économiques de ce reconfinement et des déprogrammations seront moins médiatisés, moins visibles. Les médias sont,sur le sujet, d'une rare hypocrisie. Combien de fois n'avons-nous pas entendu que le reconfinement était une nécessité absolue car "la République ne pouvait abandonner ses malades, encore moins les "vieux". Certes mais quid des morts que ce reconfinement entraînera ? Cachez-moi ces morts que je ne saurais voir ?
La clé de voûte de la pensée macronienne surgit ainsi comme une évidence. Dans la situation de détresse dans laquelle il est, il faut d’abord sauver le soldat hôpital “quoiqu’il en coûte”, quoiqu’il en coûte à nos libertés, à l’économie.
Mais, si au lieu d’injecter des centaines de milliards dans le circuit économique pour éviter sa faillite, par suite de l’utilisation systématique de la seule arme qu’ils croient avoir, le gouvernement mettait la priorité sur le secteur des soins de santé ? Si, demain, quelques dizaines de milliards y étaient mis en le repensant de fonds en comble, si d’urgence la République le prend en mains, pour le dynamiser, ne peut-on croire qu’il serait alors inutile de confiner, reconfiner d’autant plus si la gestion de la crise est plus efficace comme c’est le cas dans d’autres pays (Pensons à l’Allemagne et non à l’Italie) ?
La pensée macronienne comprendra-t-elle enfin qu'un secteur de santé publique efficace bien doté et motivé est indispensable et essentiel dans la lutte contre la Covid-19 et les virus que nous aurons à connaître ? Que mieux vaut investir quelques dizaines de milliards dans un secteur de santé publique repensé que des centaines dans une économie vacillante sous les coups de butoir des confinements créant une dette colossale dont personne ne sait si, et comment, elle sera apurée ?
Stephen G Hürner