Vous êtes Niçois de naissance, vos parents, grands-parents y sont nés, vous êtes respecté et apprécié de vos voisins et soudainement, au détour d’une rue proche que vous ne fréquentez pas, vous apprenez par un simple affichage qu’une antenne Bouygues 5G sera installée à trois mètres de votre chambre à coucher dans les trois mois ou plus. Un, deux, trois, il y a une antenne 5G !
Cette installation faisait alors vivre des citoyens dans le périmètre de sécurité d’une antenne 5G, c’est-à-dire le périmètre « à l’intérieur duquel il appartient à l’exploitant de l’antenne relais de prendre les mesures de prévention nécessaires pour éviter toute exposition et donc d’interdire physiquement, par un balisage, tout accès accidentel à ce périmètre » (source : https://www.preventionbtp.fr).
Cette installation, mettant en danger des citoyens, fut joyeusement validée par les services de la mairie dont pas un seul fonctionnaire ne prit la peine de sortir de son bureau pour aller vérifier sur place les conséquences de leur décision. Pire, en pleine contestation, aucun fonctionnaire de la mairie de M. Christian Estrosi, maire de Nice, ne se déplaça.
Les services du préfet, représentant la toute-puissance d’un État omniprésent, furent tout aussi honteux en se satisfaisant de ce commentaire : « L'installation de ces équipements au cœur de la commune de Nice ne relève pas d'un dispositif porté par l'État. Bouygues Télécom souhaite densifier son réseau afin d'offrir à ses usagers une meilleure qualité de service. C'est donc l'opérateur qui, de sa propre initiative et dans le cadre de sa stratégie commerciale, a décidé de cette implantation. Toutefois, mes services ont eu un récent échange avec Bouygues Télécom, qui a permis de clarifier la nature et l'impact des antennes. Bouygues Télécom propose d'intégrer les équipements télécoms dans deux fausses cheminées reprenant l'esthétique des cheminées existantes. » (Courrier du préfet de novembre 2024 aux citoyens concernés).
Vous avez compris ? Un opérateur a jugé bon d’installer une antenne 5G afin d’améliorer la qualité de ses services (donc ce n’était pas indispensable) dans le cadre de sa stratégie commerciale (donc pour les sous). Nous, État français, ne pouvons que nous plier à ce choix. Pas un mot sur des antennes relais tellement proches de la chambre à coucher que la santé de Niçois était en danger. Mais, braves gens, soyez heureux : l’État a virilement agi pour que ces antennes ne se voient pas. Fallait oser l’écrire, c’est fait.
Et là, vous vous sentez bien seul, sachant que les recours judiciaires, particulièrement en matière d’antennes relais qui relèvent du… droit de l’urbanisme (!), sont complexes, lents et onéreux.
- Eh oui, installer en France une antenne relais s’insère dans un contexte législatif affolant, donnant un pouvoir presque absolu aux opérateurs, car la couverture du pays est toujours, même à Nice, gorgée d’antennes, traitée comme d’intérêt public prioritaire, dans un contexte où cette installation est assimilée à une opération immobilière. Vous en serez averti de la même façon que si un promoteur décidait de construire un immeuble.
- Quant à l’impact des ondes, essayez de contacter l’agence responsable (Agence nationale des fréquences – ANFR) : c’est mission impossible sans Tom Cruise, avec pour bande-son « Les antennes 5G ? Circulez, il n'y a rien à voir ». On vous dira que s’il y a un problème après installation des antennes, vous pouvez toujours introduire une réclamation. Après, car l’agence responsable (ANFR) ne vérifie jamais avant. A vous les frais de justice. Vous voilà rassuré !
- Le fait qu’un opérateur fasse perdre des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros au parc immobilier tout proche ne sera également jamais envisagé. En effet, il est avéré que, ayant un bien immobilier dans la centaine de mètres d’une antenne relais, la perte de valeur est réelle, même si les antennes ne sont pas visibles, quoi qu’en disent les « experts judiciaires ». Perte d'autant plus significative que l'on se rapproche des antennes relais de téléphonie mobile. Bien que cela soit prouvé par de nombreuses études universitaires étrangères, elles ne sont pas prises en compte. Pas français ? Pas valable. Essayez de convaincre un avocat niçois de plaider cette perte de valeur, même en lui parlant à l’oreille ! Certes, les tribunaux administratifs et cours d’appel ne sont pas enclins à accepter une perte de valeur de votre bien si une antenne relais n’est pas visible, mais, les études citées n’ayant jamais été invoquées, si on leur laissait l’occasion de se prononcer en connaissance de cause ?
Finalement, après deux émissions télévisées à une heure de grande écoute sur France 3 – 19/20 Nice –, des articles dans la presse locale (Nice-Matin, Actu Provence-Alpes-Côte d'Azur Alpes-Maritimes) et une intervention du député Éric Ciotti, Monsieur Edward Bouygues intervint en personne et fit revoir le projet d’installation de l’antenne 5G en retirant la demande d’installation auprès de la mairie. À notre demande, cette dernière nous confirma ce retrait.
Retrait final ou momentané ? Les citoyens concernés n’ont aucun suivi, car la philosophie de la mairie est la suivante : « Les tiers n’ont pas vocation à être informés du retrait d’une décision de non-opposition à DP (NDLR : demande d’autorisation d’installation, ici, d’une antenne), donc il n’y a pas de publicité particulière. » (sic – mairie de Nice, janvier 2025). Retenons : « Les tiers n’ont pas vocation à être informés. »
Précisons que la mairie n’a jamais répondu à presque une dizaine de courriels de demande d’informations, n’a jamais présenté ses excuses pour avoir créé une situation kafkaïenne mettant en danger immédiat la santé de Niçois, sans compter la centaine de nuits sans sommeil de braves personnes écrasées par une machine administrative identique à celle que connurent les Soviétiques sous l’URSS.
Cet exemple montre à quel point la France fonctionne mal, très mal, et qu’en matière d’antennes relais 4G ou 5G, elle sacrifie la qualité de vie de citoyens par une législation inadaptée, manifestement torchée, sacrifiant le bien public pour celui des grands opérateurs. Cela soulève pourtant peu d’opposition, sauf de la part d'une ou l'autre sénatrice qui n’ont pas vraiment compris la nature du problème, histoire de se faire mousser.
La France est devenue un État pléthorique devenu trop gros, dont la seule ambition est de terminer la semaine sans trop se préoccuper des gens, et qui ne cherche qu’à survivre et non plus à faire vivre. Ici faut changer un système qui ne tourne plus que pour lui en ressemblant de plus en plus à celui que connut l'U.R.S.S
Stephen G Hürner